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Comment devenir professeur en Suisse et gagner jusqu'à 3 fois plus ?


AIDE AUX PROFS a enquêté depuis plusieurs mois pour connaître en détail les modalités d’enseignement en Suisse pour un professeur qui a réalisé ses études en France et en a assez d’être sous-payé en regard de ses compétences et du niveau de diplômes et de concours qui ont été exigés de lui/elle.

 

Alors quitte à investir du temps, des compétences, autant que la rémunération soit en rapport, et permette des perspectives de carrière et de rémunération réelles, que d’avoir par la voie syndicale à quémander trois euros six centimes une fois tous les 5 ans en y perdant des journées de salaire par des grèves interminables.

 

Vous voulez connaître les modalités pour aller gagner 2 à 3 fois plus par mois en devenant professeur en Suisse ? C’est sur AIDE AUX PROFS que ça se passe, et nulle part ailleurs. 

 

D’abord, revenons sur une constante macabre : en France, le développement personnel des candidats à l’enseignement n’intéresse personne. Le système s’occupera d’eux seulement une fois qu’ils seront en difficulté psychologique ou physique, du fait ou non de leurs conditions de travail. Il sera considéré que le % des burn-out et dépressions est si faible chaque année en regard de la masse gérée, que c’est un problème mineur.

 

C’est pourquoi AIDE AUX PROFS a créé il y a deux ans le portail « DEVENIR PROF », un portail d’informations atypiques, pour que chaque candidat au métier de professeur veille en priorité à son développement personnel : 

- Conseils en gestion du stress

- Méthodes en gestion de son autorité en classe

- Présentation de pédagogues passionnés en 1er degré et 2nd degré

- Pistes de développement personnel

- Questionnaire gratuit d’auto-détermination vers le métier de professeur en 15 étapes.

 

Pourquoi informons-nous en amont, avant d’exercer ce métier ?

 

Chaque année AIDE AUX PROFS est contactée par des professeurs véritablement démolis par un système de management qui les maltraite personnellement, et chaque année montre bien que la priorité est de recruter le plus possible à tour de bras, mais que la santé des personnels importe peu. La preuve en est que le nombre de médecins du travail, déjà très chiche avec 85 médecins en 2017, a baissé pendant la crise sanitaire pour revenir à 82 à la veille de 2022 (information fournie dans une dépêche AEF). 

 

Commençons par le témoignage de Laure, professeur formée en France,

devenue professeur en Suisse

 

Vous êtes devenue PE dans l'Education nationale après avoir réalisé une formation à l'IUFM de Créteil. Pourquoi avoir choisi ce métier, et avez-vous été satisfaite de la formation initiale ?

 

Depuis l’adolescence, mon souhait était d’être enseignante.

La formation dans l’académie de Créteil a été très enrichissante et m’a préparée, à mon sens, de la meilleure des façons, en me permettant de faire face à un grand nombre de situations.

 

Pendant 5 ans vous enseignez en France. Quel bilan faites-vous de cette expérience, au niveau pédagogique et au niveau des relations que vous avez pu avoir avec l'inspection, votre direction et administration ?

 

Si j’aime repenser à mes premières années d’enseignement, c’est grâce aux conseillers pédagogiques qui m’ont suivie, ainsi qu’à mes collègues.

Les premiers ont été d’un professionnalisme à toutes épreuves. Je leur dois beaucoup. Une observation fine de mes pratiques, pour le moins tâtonnantes, une posture positive, un feedback constructif, un étayage personnalisé qui partait de mon contenu.

 

J’ai fait partie de la vague d’enseignants qui a peu eu de cours à l’IUFM. Nous avons obtenu le concours en juillet, pour être ensuite « lâchés » en classe, en septembre pour le premier groupe, et en octobre pour le deuxième, auquel j’appartenais. Le découpage était 80% en classe en responsabilité et 20% en formation à l’IUFM.

 

Ce qui était difficile et peu intéressant d’un point de vue pédagogique, c’était que pendant les périodes de formation en IUFM, nous nous remplacions mutuellement en classe entre enseignants stagiaires. C’est ainsi qu’en octobre, ma première classe en Seine Saint Denis fut celle d’un enseignant du groupe A démissionnaire.

 

Lors d’un match de handball à l’IUFM, je me blesse. Je me retrouve immobilisée quelques semaines. Quelle chance ! Mon « planning de prise de classe » ayant été chamboulé, me voilà remplaçante d’un enseignant chevronné ! Se mettre dans les chaussons d’un collègue expert, ayant des pratiques claires, ritualisées et motivantes pour les élèves m’a permis de faire évoluer ma pratique rapidement, du moins en théorie.

 

En cinq ans, j’ai navigué dans huit écoles. Les différentes directions n’ont pas été facilitatrices, excepté ma première directrice, à Saint Denis.

 

C’est à mes différents collègues que je dois, en grande partie, ma posture professionnelle. Partage de pratiques, dons de supports, oreille attentive, conseils avisés, répartie humoristique. Un grand merci à mes premiers collègues !

 

En 2015 vous devenez enseignante contractuelle en Suisse. Comment avez-vous réussi ce changement ? Quelles en sont les étapes précisément ?

 

Votre tournure de phrase me fait sourire. Dans la vie, tout est affaire de relations humaines… J’ai rencontré l’homme avec lequel j’ai à présent fondé une famille. Il a été muté à Genève et m’a lancé un « tu viens, il y a des écoles aussi là-bas ».

 

Depuis 5 ans vous avez obtenu un CDI. Quelles sont les étapes précisément pour décrocher ce poste définitif ?

 

J’ai commencé par obtenir une équivalence de diplôme. 

Ce n’est qu’une formalité, un épais dossier à remplir et à nourrir de différents documents. 

 

J’ai ensuite démarché les écoles en envoyant des cv, sans succès. J’ai travaillé pendant une année en tant qu’assistante éducatrice en crèche. Comme l’école commence plus tard en Suisse (il n’y a que deux années de maternelle), j’avais le groupe des 2-4 ans et j’y faisais plus ou moins mon travail d’enseignante de maternelle. Cette année a été incroyable et j’ai beaucoup appris au contact de mes collègues, ainsi que de la directrice. De vraies spécialistes de la petite enfance, très impliquées et pertinentes dans leur approche.

 

Parallèlement à cela, j’essuyais un refus de la CDIP, équivalent de l’Education nationale, car je ne parle pas l’allemand. À Genève, peu de personnes parle l’allemand, mais la confédération helvétique a la volonté d’unifier ses 26 cantons sur plusieurs plans, dont celui de l’éducation. Aussi, l’enseignement de l’allemand, seconde langue nationale, est obligatoire dès la 5P (le ce2 pour nous).

 

Je parviens tout de même à intégrer le service des remplaçants. Quelques journées, semaines puis deux longs remplacements de presque 5 mois chacun. 

 

Ces expériences ont été très riches sur le plan pédagogique.

Deux lettres de recommandation m’ouvrent ensuite les portes de deux écoles privées genevoises.

 

Quelles différences et éléments communs entre le métier de professeur en France, et en Suisse, au niveau du 1er et du 2nd degré, pouvez-vous nous les expliquer ?

 

Je suis enseignante au primaire. Fondamentalement, une classe est une classe. Les différences d’un pays à l’autre sont, de mon point de vue, minimes.

Alors oui, l’enseignement de l’écriture est différent, la cursive Suisse implique une gestuelle spécifique, plus coûteuse en temps et en énergie, et a un rendu visuel différent de la française. En géographie, le relief et les cantons suisses priment bien entendu. En mathématiques, les supports du DIP sont davantage axés sur le développement des compétences de recherches par tâtonnements et de logique. En Histoire, les scénarios pédagogiques proposés par le PER (le Plan d’Étude Romand) sont universitaires et complexes en termes d’appropriation, en comparaison d’un manuel français, mais d’une pertinence rare.

 

Que conseilleriez-vous à un professeur qui souhaite devenir professeur en Suisse ? Toutes les disciplines sont-elles en manque de professeurs ? Les professeurs français ont-ils toutes leurs chances ou sont-ils mal perçus par les Suisses ?

 

Je lui conseillerais d’envoyer des candidatures spontanées dans les écoles privées. Si c’est l’enseignement public qui est visé, il faut être résident suisse et avoir un niveau B2 en Anglais et en Allemand.

J’ai enseigné une année scolaire en école publique. Effectivement, je me souviens avoir ressenti un léger à priori froid de la part de mes collègues suisses. En quelques semaines seulement, des relations de confiance et d’échange se sont instaurées.

 

Pensez-vous un jour revenir en France enseigner, ou cette évolution a-t-elle un caractère définitif, et pourquoi ?

 

Je pense que tout est possible. Que ce soit en Suisse ou en France, j’aime enseigner. Qui sait si le vent nous ramènera un jour en France ?

 

Tu veux toi aussi devenir professeur en Suisse

et être 2 à 3 fois mieux payé(e) ?

 

Le statut de professeur fonctionnaire a été supprimé en Suisse. C’est toutefois le pays où les salaires des professeurs sont les plus élevés de toute l’Europe (avec le Luxembourg), et l’enseignement est organisé par Cantons.

 

Voilà la situation de l’enseignement en Suisse en 2023 : un corps enseignant vieillissantD'ici 2030, la Suisse doit remplacer 30.000 professeurs, alors que son taux de chômage est extrêmement bas: 2% seulement !

 

L’organisme fédéral, la C.D.I.P, est le seul à être habilité à reconnaître les diplômes étrangers pour en connaître l’équivalence avec les diplômes Suisses acquis par les étudiants au sein de la Haute Ecole Pédagogique (H.E.P). Dans la HEP il y a différentes nationalités de professeurs, donc les possibilités d’enseignement sont réelles. Dans le Canton de Valais par exemple, on trouve des professeurs Belges, des Québécois, des Français, etc. Les différents diplômes disciplinaires sont à peu près l’équivalent d’un Master2 en France. L’attestation que délivre la CDIP permettra ensuite de postuler dans tous les cantons. 

 

Fédéralisme oblige, il y a bien 26 systèmes scolaires en Suisse… Chaque canton est autonome dans la gestion de son système et de ses engagements, et utilise des procédures différentes. Si on se limite aux cantons francophones ou bilingues, cela se réduit à 7 cantons (Genève, Vaud, Neuchâtel, Jura, Fribourg, Valais et Berne). Généralement, l’autorité politique et administrative s’appelle « Département de l’Instruction Publique ». Il y a 6 institutions de formation en Suisse romande, qui donnent des renseignements plus précis (Université de Genève, HEP du canton de Vaud, HEP et Université du canton de Fribourg, HEP du canton du Valais, HEP BEJUNE (Berne-Jura-Neuchâtel)

 

La première étape essentielle est d’obtenir l’attestation de la C.D.I.P pour être autorisé à candidater vers les établissements scolaires Suisses.

 

Cela fait l'objet en 2023-2024 de 2 Options d'adhésion sur le portail APRES PROF:

 

- Option SUISSE-PROF si tu veux rester professeur en gagnant 2 à 3 fois ton salaire actuel en France (4.200,00€ à 12.000,00€ en fin de carrière/mois, et 8.000,00€ en moyenne)

 

- Option SUISSE-EMPLOI si tu as des compétences et une formation initiale et continue te permettant d'intéresser différentes entreprises, en gagnant 2 fois mieux ta vie puisque le Salaire minimum en Suisse est l'équivalent de 4.200,00 €.